FIFA International Soccer, là où tout a commencé !
Cette année, le jeu vidéo FIFA a fêté ses 21 bougies. À FM, nous avons décidé de revenir à l’origine du jeu en 1993. Un retour qui devrait mettre un sacré coup de vieux à certains, rappeler d'incroyables souvenirs pour d'autres, ou se révéler particulièrement ringard pour la plupart de nos lecteurs nés dans les années 90 ou après...
« EA Sports, It’s in the game ». Lorsque du haut de mes 14 ans, j’ai entendu cette intro devenue mythique pour la première fois en 1993, je ne m’imaginais pas à quel point j’étais en train de vivre un véritable tournant dans l’histoire du jeu vidéo de football. Les Kick Off (sorti en 1989), Sensible Soccer (1992) avec une vue verticale ou le célèbre et emblématique Super Soccer sur Super Nes sorti en 1992 ont rapidement pris un coup de vieux devant FIFA International Soccer. La vue en 3D isométrique, la foule, la bande son, les chants des supporters, l’avant match jusqu’à l’animation des joueurs sur le terrain ou les célébrations de buts. À vrai dire, tout était révolutionnaire.
Pourtant, le jeu a failli ne jamais sortir. À l’époque, EA privilégiait le football américain et le soccer était loin d’être un sport aussi populaire qu'aujourd'hui aux États-Unis. « Ils pensaient qu'on ne vendrait pas une seule copie du jeu. Ils s'imaginaient que ce serait un vrai désastre », déclarait à l’époque Marc Aubanel, l’un des producteurs du jeu. Il faudra l’insistance de Neil Thewarapperuma, le directeur marketing Europe de l'époque pour que le projet FIFA International Soccer puisse aboutir. Avec un budget ridicule, à des années lumières de celui de FIFA 15, le premier opus FIFA voyait le jour en 1993 sur Sega Megadrive et sur Super Nintendo, avec la licence FIFA sans les véritables noms des stars de l’époque. Mais avec des idées et une nouvelle façon de penser le jeu vidéo football qui allait donc passionner et marquer toute une génération. D’ailleurs, il s’écoulera plus de 500 000 exemplaires en un mois, grâce à un incroyable bouche à oreille, la publicité dans les jeux-vidéos n’existant malheureusement pas à l’époque. Un véritable pied de nez à la maison mère américaine, qui visait au maximum 300 000 exemplaires écoulés sur toute l'année.
Des joueurs fictifs emblématiques
Aussitôt inséré dans la console, le jeu se montrait très accessible grâce notamment à un gameplay et des menus relativement simples. Avec au choix un mode exhibition ou un mode tournament. Le choix était clairement limité et on était encore bien loin d’hésiter entre un mode carrière, un match en ligne ou une partie de FUT. Parmi les équipes disponibles, la plupart des sélections de l’époque étaient présentes avec par contre des joueurs fictifs. Je suis sûr que les noms de Luis Alfios, Rico Salamar, Janco Tianno, Paul Lucerne, Bruce Mc Millan ou encore Marc Aubanel évoqueront en vous de délicieux souvenirs, notamment pour ceux nés à la fin des années 70. D’ailleurs, ce dernier nom a déjà été évoqué plus haut dans cet article. Et oui, faute de licence FIFA pour les joueurs, l’équipe d’EA n’a rien trouvé de mieux que de mettre les noms de ses propres salariés dans le jeu, la team EA étant déjà en ce temps très internationale. Ainsi, Marc Aubanel, l’un des producteurs du jeu, s’est retrouvé à la pointe de l’attaque de l’équipe de France, tout comme Bruce Mc Millan, membre de la division canadienne d’EA, fan de Chelsea et avant-centre de l’équipe d’Angleterre dans le premier FIFA. Ce dernier dirigeait l’équipe technique qui a développé le jeu. Parmi elle, figurait Jan Tian (qui deviendra le célèbre Janco Tianno, attaquant du Brésil), Brian Planche (qui deviendra le n°9 de l’Allemagne, Brian Plank), ou encore Joey Della-Savia, émérite milieu offensif de l’Italie. D’autres joueurs seront totalement inventés tels que Rico Salamar, Paul Lucerne, Luis Alfios ou encore José Pasualdo.
Un gameplay très simple mais déjà révolutionnaire
Passés les choix d’équipe et de joueurs, il fallait procéder au toss à l'aide d’une pièce de monnaie à pile ou face. Un choix totalement aléatoire qui n’avait pas de grande utilité et qui sera d’ailleurs rapidement abandonné dans les éditions suivantes. Pour la première fois, une étoile entourant le joueur contrôlé était mise en place, une première devenue incroyablement banale aujourd’hui. Outre une intelligence artificielle de l’ordinateur très limitée et des gestes techniques simplifiés au maximum, l’équipe technique d’EA avait instauré, à tort ou à raison, quelques astuces pour marquer facilement. Je pense aux tirs en diagonale souvent imparables ou au dégagement contré du gardien (il suffisait alors de se placer devant le gardien lors d’un dégagement pour récupérer le ballon et marquer dans le but vide). Et si le buteur n’avait pas la pléiade de célébrations que peut compter FIFA 15 aujourd’hui, il se dirigeait les bras en l'air, en sautant et zigzaguant vers les panneaux publicitaires (d’ailleurs intégrés pour la première fois dans un jeu de foot), avant qu’un panneau LED ne vienne afficher de manière humoristique une petite balle rebondissante armé de bras et d’un visage animé, ou mieux une fusée décollant vers une planète lointaine, bref du grand spectacle à l’américaine… Le but du jeu étant finalement de remporter le tournoi, seul et vrai objectif du jeu. Dès lors, il n’était pas rare de recommencer à l’infini le tournoi, souvent avec des équipes différentes et entre amis pour les premières soirées FIFA endiablées entre potes.
Alors certes, je vous parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, et vous trouverez pour la plupart les graphismes, le gameplay et la jouabilité de FIFA International Soccer démodés, mais sans cet opus, vous ne seriez pas en train de vous régaler avec FIFA 15. Conter pour vous la genèse d’un tel phénomène de société était pour moi un vrai plaisir tant il me rappelle de formidables souvenirs. En 20 ans, le jeu et les consoles ont bien évidemment grandement évolué. Mais je me surprends à penser que je prenais autant de plaisir à jouer avec Paul Lucerne, Janco Tianno et Luis Alfios qu’avec Karim Benzema, Lionel Messi ou Neymar. Le monde évolue. Qui sait ce que pensera la génération née ces derniers mois lorsque FIFA 30 sortira…