Suède - France : les notes du match
Au terme d'un match indigeste de leur part, les Bleus s'inclinent lourdement face à la Suède d'un Ibrahimovic qui clôt son Euro de la plus belle des manières (2-0). Humiliée, la France ne s'est pas rassurée avant d'affronter l'Espagne au tour suivant.
Avant ce match contre la Suède, la vague d’optimisme qui envahissait le camp tricolore devait déferler sur l’Euro. Après les 90 minutes de ce soir, il va falloir être plus modeste. Malgré une équipe suédoise déjà éliminée, les hommes de Laurent Blanc ont eu les pires difficultés à exister. Dominés dans le jeu aérien, battus dans l’engagement physique et lents dans leurs enchaînements les Bleus ont affiché leur pire visage depuis le début de la compétition.
Car les choses se sont gâtées dès les premières minutes. Souvent pointée du doigt, la charnière Mexès-Rami a une nouvelle fois démontré que l’inquiétude qu’elle générait n’était pas infondée. Dans le jeu aérien, Toivonen (3e) et Larsson (4e) ont sollicité Lloris coup sur coup. Ce même Toivonen a remis ça à la 11e minute en profitant d’un engagement incontrôlé de Mexès pour filer seul au but. Heureusement pour la France, Lloris veillait au grain. Bien regroupés derrière et fort physiquement devant, les Scandinaves ont dû se régaler en voyant Ibrahimovic mettre à mal l’entrejeu tricolore et le pauvre Rami.
Chahutée derrière, la France a également été inexistante devant. Privés d’espaces, les partenaires de Benzema ont rarement pu combiner. Nasri a été transparent durant toute la rencontre, Ben Arfa n’a jamais percuté sur son flanc droit et Benzema a souvent dû redescendre très bas pour toucher le ballon. Résultat : hormis un face-à-face avec Isaksson perdu par Ribéry (8e), les principales occasions tricolores ont été des frappes de loin non cadrées (6e, 9e, 35e, 42e) ou des tirs complètement ratés (18e) ou repoussés (45e). Un constat bien maigre pour pouvoir espérer décrocher rapidement une qualification pour les quarts et la première place du groupe.
Au retour des vestiaires, rien n’a changé. Toujours aussi timorés, les Bleus ont fini par payer leur médiocre prestation. Friands du jeu aérien et menés par un génial Ibrahimovic, les Suédois ont rapidement mis Lloris sous pression. Et si le Lyonnais a su repousser l’échéance une fois (53e), une défense trop lâche l’oblige à s’incliner sur une reprise magistrale d’Ibrahimovic (1-0, 54e). La tête sous l’eau, la France manque alors de se noyer dans les minutes qui ont suivi si Lloris n’avait pas encore une fois sorti le grand jeu (57e, 58e). Complètement hors du coup, les Français ont surtout affiché une incroyable incapacité à se révolter. Et si Benzema (51e), Nasri (65e), Ribéry (66e) et M’Vila (72e) ont alerté Isaksson, ils ont surtout permis au gardien suédois, très peu sollicité jusqu’ici, de se chauffer les gants. Ajoutez à cela un grand nombre de déchets dans des phases simples de passes courtes et vous obtenez un match indigeste, même si Ménez (82e) et Giroud (84e) ont failli arracher une égalisation qui aurait été imméritée. Mais ça, c’était avant que Larsson n’aggrave le score en toute fin de match (2-0, 90e). Une humiliation.
Si la qualification pour les quarts de finale est tout de même en poche grâce au succès des Anglais face aux Ukrainiens (1-0), la manière n’a en revanche rien de rassurant, d’autant qu’en terminant seconds de leur groupe, les Bleus défieront l’Espagne. À noter que Philippe Mexès sera suspendu pour ce match. Il devrait être remplacé par Koscileny. Une nouvelle qui n'est peut-être pas si mauvaise que ça...
Homme du match : Ibrahimovic (8,5) : c'est LE Maestro de cette équipe suédoise. Il apporté beaucoup de ballons en début de match à Toivonen avant de livrer un véritable récital transformant chacun de ses ballons qu'il a touchés en véritables bijoux. Et puis il eut ce but ! Et quel but ! Une volée exceptionnelle à l'entrée de la surface qui mystifie le pauvre Hugo Lloris (54e). Encore un joueur qu'on va regretter de ne plus voir dans cet Euro.
Suède :
Isaksson (6) : propre dans la plupart de ses interventions (8e, 72e, 81e), l'ex-gardien du Stade Rennais n'a pas eu grand-chose face à une attaque française totalement atone.
Granqvist (4,5) : c'est un des rares Suédois à avoir été mis en difficulté par un Ribéry passable aujourd'hui. Sa complémentarité avec Larsson a néanmoins créé le décalage sur le côte droit et a permis quelques bons centres.
Melberg (7) : il a fixé un Benzema plus que moyen ce soir, obligeant l'attaquant du Real Madrid à décrocher de son poste pour avoir quelques ballons à exploiter. A même failli être décisif sur une Madjer tentée à la 58e minute bien repoussée par Lloris.
J.Olsson (6,5) : il s'est montré impérial dans le domaine aérien et a annihilé aux côtés de Melberg la plupart des opportunités françaises (2e, 26e, 69e). Une belle sortie pour le défenseur de West Brom.
M.Olsson (5,5) : ses montées ont apporté beaucoup dans l'animation offensive suédoise, mais ont laissé par moments trop d'espaces à Debuchy. Néanmoins, son apport défensif a été satisfaisant ce soir.
Svensson (6,5) : installé dans le rôle de sentinelle devant la charnière Melberg-Olsson et a été présent dans son engagement, exerçant un pressing constant sur un Nasri apathique. Remplacé par Holmen à la 78e minute.
Kallstrom (6,5) : il devait apporter sa touche technique dans ce milieu défensif scandinave. Discret en début de match, le milieu de l'OL a par la suite parfaitement assumé son rôle de relayeur à l'image de sa complicité avec Ibrahimovic sur plusieurs assauts suédois.
Larsson (7) : il a été très entreprenant et son duo avec Granqvuist a mis en grosse difficulté Clichy. Auteur d'une passe décisive sur l'ouverture du score d'Ibrahimovic (54e), le but qu'il inscrit en catapultant le ballon dans la lucarne de Lloris est une récompense bien méritée (91e). Une très bonne prestation.
Bajrami (6) : il s'est confiné à un rôle essentiellement défensif épaulant bien Olsson sur le côté gauche. Remplacé par Wilhemsson (7,5) à la 45e minute qui a joué totalement libéré, se montrant disponible pour ses coéquipiers et apportant le danger à chacune de ses accélérations à l'image de son enchainement crochet-frappe à la 57e minute. Un match de très haut niveau pour l'ancien Nantais
Ibrahimovic (8,5) : voir ci-dessus.
Toivonen (6,5) : isolé dans le dispositif d'Erik Hamren, il a pourtant beaucoup pesé sur la charnière Rami-Mexès totalement à la ramasse ce soir. Il aurait même pu ouvrir le score suite à une erreur monumentale du défenseur du Milan AC trouvant le poteau (10e). Remplacé par Wernbloom à la 78e minute qui est à l'origine du deuxième but suédois.
France :
Lloris (6,5) : le portier des Bleus a vécu un début de match mouvementé. Pas vraiment inquiété sur les têtes de Toivonnen (3e) et de Larsson (4e), il a néanmoins dû réaliser une grosse sortie face à Toivonen qui se dirigeait seul face à son but (11e). Lâché par sa défense, il a su repousser l’échéance (53e), avant de devoir s’incliner face à Ibrahimovic (54e). A noter tout de même que sans deux autres gros arrêts (57e, 58e), le score aurait pu être plus large.
Debuchy (4) : bien plus offensif que Clichy, le Lillois a effectué beaucoup de montées, mais aucune d’entre elles ne s’est soldée par une occasion franche. La faute en partie à la grande taille des Suédois, mais surtout à l’attentisme de ses attaquants. Enfin, défensivement, il a multiplié les fautes idiotes alors qu’il était sous la menace d’une suspension. Heureusement que l’arbitre s’est montré clément.
Rami (3) : malmené par Ibrahimovic, le Valencian a encore une fois montré des signes d’inquiétude. Lourd dans ses déplacements, il a affiché un manque d’engament triste à voir. Sans parler de ses relances beaucoup trop approximatives.
Mexès (2) : à l’instar de Rami, le Milanais n’a pas rassuré. Auteur d’une grosse bourde qui a bien failli coûter l’ouverture du score dès la 11e minute, il n’a pas été non plus performant dans le jeu aérien. Chahuté par Toivonen, dépassé sur le but d’Ibrahimovic (54e), il s’en est souvent remis aux arrêts de Lloris (58e). Et pour couronner le tout, il sera suspendu en quart pour avoir récolté un carton jaune.
Clichy (4) : offensivement, il a peu apporté. Défensivement, il s’est souvent fait prendre dans le dos. Et que dire du duo Ibrahimovic-Toivonen qui l’a fait courir. À noter qu’il est en retard sur le marquage du centre qui amène l’ouverture du score.
Diarra (4): s’il a parfois su contenir Ibrahimovic, il n’a rien pu faire pour stopper les vagues d’attaque suédoise. Pas aidé par ses relances, il a subi de plein fouet le manque d’engagement de ses partenaires dans l’entrejeu et devant.
M'Vila (3,5) : s’il a tenté d’accélérer le jeu et portant le ballon, ses relances n’ont toutefois jamais trouvé leur destinataire ou créé le décalage. Son marquage trop lâche sur Ibra a également été un défaut. Il s’est essayé à la frappe en fin de match, mais sans réussite. Remplacé par Giroud (83e).
Nasri (2,5) : le Citizen ne va sans doute pas apprécier les commentaires de la presse demain. Nonchalant dans son attitude, il a surtout ralenti le jeu devant alors que la vitesse s’imposait face aux poids lourds suédois. Peu en réussite dans ses passes, il a également pêché par un mauvais replacement défensif qu’il a effectué à de nombreuses reprises en marchant. Remplacé par Ménez (77e).
Ben Arfa (3,5) : titularisé en lieu et place de Ménez, le Magpie n’a pas été un grand accélérateur du jeu. Pour preuve, il n’a jamais placé de véritable accélération et s’est contenté de tenter des frappes lointaines, toutes hors cadre (6e, 9e, 35e), et de repiquer dans l’axe. Pour sa première titularisation en bleu dans un tournoi majeur, il pouvait rêver mieux. Remplacé par Malouda (59e).
Ribéry (5) : face au bloc bien resserré suédois, il a été l’un des rares accélérateurs du jeu français. Et malgré une grosse occasion face à Isaksson (8e), ses multiples tentatives de combinaison avec Benzema ont échoué. En fin de match, il s’est retrouvé en position de frappe dans la surface adverse, mais il y avait toujours un pied suédois pour contrer ses tentatives (45e, 66e).
Benzema (3,5) : soirée compliquée pour le buteur des Bleus. Hormis trois frappes hors cadres (18e, 42e, 51e), il n’a rien eu à se mettre sous la dent en première période. La faute au bloc compact adverse. Obligé de redescendre très bas pour toucher le cuir, il n’a eu aucun impact sur la défense scandinave.
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