Michel Platini reste droit dans ses bottes, que ce soit pour le fair-play financier ou l'arbitrage vidéo. Il a fait le point dans une interview accordée à L'Équipe.
Le 22 mars prochain Michel Platini sera réélu à la présidence de l’UEFA. Une issue certaine puisqu’il est le seul candidat en lice. Son premier mandat a donc satisfait au sein de l’instance européenne, qui compte sur lui pour mener à bien les réformes entamées. À commencer par le fair-play financier, tête de gondole des propositions initiales de Platini. Il n’a donc pas hésité à rappeler l’urgence d’une telle mesure dans les colonnes de L’Équipe.
« Quand il y a 1,2 milliard d’euros de déficit dans le football européen, il y a danger. Les clubs connaissent les règles et je leur écrirai avant l’été pour leur rappeler que notre crédibilité nous obligera à aller au bout. Si la question est de savoir si j’aurai le courage de sanctionner des clubs de renom, la réponse est oui. Cinq clubs (Cork (Eire), Vetra (Lituanie), Majorque (Espagne), Portsmouth (Angleterre), FC Lokomotiv Astana (Kazakhstan) ndlr), même si l’on n’en parle pas, ont déjà été suspendus via le système de licences. Si, en 2015, des clubs ne suivent pas les règles, la commission de discipline, qui est indépendante, prendra des sanctions », a-t-il affirmé. Des sanctions qui pourraient prendre des formes différentes.
« Est-ce que vous pensiez, il y a plusieurs années, que la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) rétrograderait des clubs comme Bordeaux (en 1991) ou l’OM (en 1994) ? Pourtant, elle l’a fait. Et puis il y a toutes sortes de sanctions possibles, comme la limitation des transferts ou de la masse salariale », a-t-il expliqué. Déterminé à aller au bout de son idée, Michel Platini risque de donner des sueurs froides dans les prochaines années à certains cadors européens aux dettes colossales. Le succès de cette entreprise pourrait également faire oublier le fait qu’il se veut hostile à l’arbitrage vidéo. Ce débat revient sans cesse sur le tapis et Platini se voit jugé comme passéiste en raison de son refus obstiné de faire appel à la technologie.
« Je l’ai dit : il faut protéger le football et le jeu. C’est mon souci et ma mission », réplique-t-il. « D’ailleurs, quand je vois qu’on me fait passer pour un passéiste, un rétrograde dans ce domaine, je tiens à rappeler que les dernières évolutions viennent de moi. L’interdiction pour un gardien d’utiliser les mains sur une passe en retrait, c’est mon idée ; la faute d’un dernier défenseur sanctionnée d’un rouge, c’est moi ; les cinq arbitres, c’est moi. » Bien qu’assuré de sa réélection, Michel Platini se sent obligé de valoriser son bilan. Car il se dit fier « que les gens m’aiment bien ». Tout un programme.