L’ancien sélectionneur des Bleus entre 1976 et 1984 est décédé ce jeudi. Le football français rend hommage à sa manière à un entraîneur qui aura marqué à jamais les annales avec en point d’orgue un titre de champion d’Europe des Nations en 1984.
Ce jeudi après-midi, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France (1976-1984) Michel Hidalgo (87 ans) nous quittait. L’homme qui a mené les Bleus au sacre lors de l’Euro 84 organisé en France, est décédé d’une longue maladie selon ses proches. Avant d’être sélectionneur des Bleus, Michel Hidalgo a vécu de grands moments dans sa carrière au Stade de Reims, évoluant avec Raymond Kopa. Il a été finaliste de la Ligue des Champions le 13 juin 1956, s’inclinant contre le Real Madrid (4-3) en marquant l’ultime but du Stade de Reims, qui donnait alors l’avantage aux Français, lors de cette finale peu après l’heure de jeu (66e).
C’est avec son frère jumeau Serge, que Michel Hidalgo s’était fait remarquer, sous les couleurs de l’Union sportive normande, club omnisports basé à Mondeville. Champion de Normandie juniors 1952, Michel rejoint Le Havre AC, à qui il avait collé 5 buts quelques semaines plus tôt, où il signa son premier contrat professionnel. Le club doyen rend aujourd’hui hommage à celui qui aura revêtu la tunique ciel-et-marine de 1952 à 1954. «C’est avec une immense tristesse que le HAC a appris ce jeudi après-midi la disparition de Michel Hidalgo. Surtout connu pour son parcours remarquable à la tête de l’Equipe de France de 1976 à 1984, le HAC se souvient avec fierté de son passage comme joueur sous le maillot Ciel&Marine de 1952 à 1954,» peut-on lire sur le site du club.
La FFF et Noël Le Graët rendent hommage à Michel Hidalgo
En tant que joueur, Michel Hidalgo a également été sacré champion de France avec le Stade de Reims (1955) puis avec l’AS Monaco (1961 et 1963). En tant que technicien, l’intéressé aura dirigé les Bleus pendant huit ans, avant de prendre les rênes de l’Olympique de Marseille entre 1986 et 1991, sous la houlette de Bernard Tapie. La famille du football français rend un vibrant hommage à un homme qui prônait un football offensif. Le président de la Fédération Française de Football Noël Le Graët s’est exprimé sur le décès d’une véritable figure du football national.
« Nous apprenons aujourd’hui avec une immense tristesse et une profonde émotion la disparition de Michel Hidalgo. La Fédération, notre football est en deuil. Michel Hidalgo fait partie des plus grands noms du football français. Il a marqué l’histoire et le palmarès du football français et international avec le premier titre majeur remporté par notre équipe de France. Par sa philosophie de jeu, sa personnalité, sa passion exemplaire, il a contribué au rayonnement de notre sport sur le plan international et à sa popularité en France. Il a su nous procurer des émotions qui sont gravées et resteront gravées. Il restera dans nos mémoires comme un symbole, un entraîneur, un sélectionneur de référence, amoureux du beau jeu, proche des joueurs, » confie ainsi l’homme fort de la FFF, imité quelques instants plus tard par le sélectionneur actuel des Tricolores, Didier Deschamps.
« J’ai appris avec beaucoup de tristesse ce jeudi le décès de Michel Hidalgo. Mon adolescence, comme celle de beaucoup de Français de ma génération, a été marquée par les performances étincelantes de "son" équipe de France, de la qualification pour la Coupe du monde 1978, que notre football attendait depuis 12 ans, jusqu’à l’éclatante victoire à l’Euro 1984. (…) À titre plus personnel, j’ai eu la chance et le privilège d’apprendre à connaître Michel lors de mes deux passages à l’Olympique de Marseille, comme joueur puis comme entraîneur. Dans les bons comme dans les mauvais moments, Michel a toujours fait preuve d’une très grande bienveillance à mon égard », a-t-il déclaré à L’Equipe.
Les clubs français en deuil
Le Stade de Reims n’oublie pas un homme qui a marqué l’histoire du club champenois de son empreinte. « Le SDR en deuil. Avant d’être l’entraîneur qui ouvrit la voie au palmarès tricolore lors de l’Euro 84, ce disciple d’Albert Batteux fut cet excentré rémois prometteur, notamment buteur lors de la première finale de Champions League contre le Real Madrid. RIP Monsieur Hidalgo. » Le Paris Saint-Germain a également tenu à adresser ses condoléances à la famille de l’ancien sélectionneur des Bleus. « Vainqueur de l’Euro 1984 à la tête de l’équipe de France, Michel Hidalgo s’est éteint à l’âge de 87 ans. Le Paris Saint-Germain tient à exprimer toutes ses condoléances à sa famille et son entourage. » L’Olympique de Marseille dont l’intéressé fut l’entraîneur entre 1986 et 1991, rend hommage à sa manière à son ancien coach. « D’une gentillesse et d’une bienveillance inégalables, Michel Hidalgo laissera un grand vide. L’Olympique de Marseille présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. » L’AS Monaco club avec lequel Michel Hidalgo a été deux fois champion de France, a également exprimé sa vive émotion. « L’AS Monaco et la France du football ont perdu ce jour un homme qui a grandement contribué à leur histoire. L’ensemble du club adresse ses sincères condoléances à la famille et aux proches de Michel Hidalgo. »
Le Paris Saint-Germain tient à exprimer toutes ses condoléances à sa famille et son entourage.
L’ensemble du Club 🔴⚪️ adresse ses sincères condoléances à la famille et aux proches de Michel Hidalgo 🙏
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C’est l’ensemble des clubs professionnels français qui ont rendu un hommage appuyé à Michel Hidalgo. Les Girondins de Bordeaux ont de leur côté publié un émouvant communiqué, mettant en avant les joueurs du club qui ont fréquenté les Bleus lorsqu’il était sélectionneur. «Dans ses rangs, de nombreux Bordelais ont brillé sous le maillot bleu. On pense naturellement à Alain Giresse, Marius Trésor, Patrick Battiston, Jean Tigana, Bernard Lacombe, Thierry Tusseau, François Bracci, Gérard Soler, René Girard».
Merci pour tout Monsieur Hidalgo, toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
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Michel Platini et Luis Fernandez émus aux larmes
Membre du fameux carré magique en équipe de France avec Tigana, Giresse et Fernandez, Michel Platini contacté par l’Equipe a adressé un concert de louanges à son ancien sélectionneur. « Avec Georges Boulogne et Fernand Sastre, ils ont constitué un trio qui a tiré le football français du néant, ils l’ont reconstruit, et lui ont permis de briller pour les presque cinquante années qui ont suivi. Michel était imprégné de la culture du beau jeu à la monégasque et à la rémoise, qu’il avait connue quand il était joueur. Il voulait qu’on joue bien, qu’on s’amuse sur le terrain. Il bâtissait ses équipes en fonction de nos qualités et de nos personnalités. C’est d’ailleurs comme ça qu’il a inventé le fameux ''carré magique’', lors de la Coupe du monde 1982 : je me suis blessé, et quand j’ai pu rejouer, il n’a pas osé remettre (Jean) Tigana sur le banc, alors il nous a gardés tous les quatre, avec aussi Giresse et Genghini (sourire). Mais le mythe selon lequel, c’était moi ou un autre qui faisaient l’équipe est complètement faux. Michel choisissait les joueurs, mais après, il avait l’intelligence de nous laisser entre nous pour discuter du match car nous jouions à la Juventus ou à Bordeaux, parmi les meilleurs clubs de l’époque. Ce que je retiens avant tout de Michel, c’est ça : il nous a toujours fait confiance, » se souvient ainsi l’ancien capitaine des Bleus.
Interrogé par la Chaîne l’Equipe, Luis Fernandez champion d’Europe sous les ordres de Michel Hidalgo en 1984 se souvient. « C’était un grand monsieur, un rassembleur et un homme de valeurs. Évidemment il était attaché au beau jeu, c’est lui qui avait redonné une âme à l’équipe de France à partir du milieu des années 1970, mais je me souviens surtout aujourd’hui de ses valeurs humaines. Il savait trouver les mots, mettre les gens dans les meilleures dispositions. J’ai pris beaucoup de plaisir en écoutant ses causeries, très calmes. Michel n’avait pas besoin de crier, expliquant simplement ce qu’il attendait de chaque joueur. Quand il m’a demandé de jouer arrière droit face à la Belgique pendant l’Euro 1984, je lui avais répondu : « avec plaisir Michel ». J’étais à ses ordres, fasciné par sa capacité à tempérer les situations, quoiqu’il arrive. Il savait mieux que personne combattre la pression, » révèle ainsi l’ancien milieu de terrain.
Bossis, Ettori, Lacombe, Tigana, Trésor…
Défenseur central lors de l’épopée des Bleus à l’Euro 84, Maxime Bossis dans les colonnes de l’Equipe saluait la mémoire d’un technicien capable de laisser beaucoup de liberté à ses joueurs sur le terrain. « C’est une triste nouvelle pour toute notre génération. On ne retient que des bons et grands souvenirs avec Michel Hidalgo. Il a été le premier sélectionneur à nous laisser beaucoup de liberté sur le terrain, en nous faisant confiance et en nous traitant comme des adultes. Il avait une grande gentillesse, il a eu un grand talent comme joueur et entraîneur. Il savait toujours trouver les mots pour nous motiver avant les échéances importantes, » analyse l’ancien Nantais.
Chez les joueurs qui ont eu le privilège d’être appelés en sélection tricolore par Michel Hidalgo, les hommages affluent également. Pour Jean-Luc Ettori, l’ancien gardien de but de l’équipe de France, «c’était notre papa à tous. Il a aussi montré la voie, il y avait eu 1958 mais il fallait aussi apprendre à gagner. En 1982, notre leitmotiv, c’était de jouer contre vents et marées. » Les mots de Bernard Lacombe ne sont pas différents. «C’était plus qu’un sélectionneur ou un entraîneur. Il était notre papa, notre grand-père, très proche des gens. Il était très humain et d’une grande sincérité.»
Ancienne gloire de Bordeaux et des Bleus, Jean Tigana se souvient lui d’un «technicien humain qui déléguait énormément, sur le terrain et dans la gestion du groupe. Il trouvait tout le temps les bons mots pour encourager, pour consoler, il savait toujours nous parler,» quand Marius Trésor, évoque lui un autre aspect de l’homme. «Il a su nous faire prendre conscience de nos possibilités. Au Brésil en 1977, à la mi-temps, il nous a fait un discours assez musclé et on a vu le résultat. Menés 2-0, nous étions revenus à la marque pour faire 2-2. C’est le garçon, par ses mots, qui arrivait à remettre son équipe dans le droit chemin.»