La nouvelle stratégie mercato de la Chine

Limités par des restrictions imposées par le gouvernement et la fédération, la plupart des clubs chinois ne dépensent plus sans compter sur le marché des transferts. Malgré tout, les écuries de Chinese Super League tentent encore quelques coups.

Par Dahbia Hattabi
5 min.
La Chine continue de s'activer sur le mercato @Maxppp

Une autre époque. En 2015, la Chine s’est imposée comme la nouvelle puissance du football mondial. En effet, les clubs de Chinese Super League ont dépensé des sommes colossales pour attirer dans leurs filets des stars du ballon rond et promouvoir par la même occasion cette discipline dans leur pays. Ainsi, 168,3 millions d’euros avaient été investis pour les transferts sur l’année 2015. En 2016, l’Empire du Milieu a décidé de frapper encore plus fort en injectant 258,9 millions d’euros. Ezequiel Lavezzi (Heibei CFFC) ou encore Ramires (Jiangsu Sunning) étaient arrivés cette année-là. Un nouveau cap a été franchi en 2017. Oscar, alors à Chelsea, a été vendu contre un chèque de 61 M€. Carlos Tévez, qui est retourné à Boca Juniors depuis, avait signé pour 11 millions d’euros. Le salaire de l’Apache était de 40 M€ par saison au Shanghaï Shenhua ! Alexandre Pato, Axel Witsel ou encore Jonathan Soriano avaient signé en Chine à l’époque.

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Au total, 388 M€ avaient été dépensés sur le mercato à l’hiver 2017. Un record. Après cela, il y a eu une prise de conscience de la part de la fédération chinoise voyant que cela partait dans tous les sens. En 2017, elle a décidé de mettre en place de nouvelles réglementations concernant le mercato afin de limiter les achats et obliger les écuries à miser sur les footballeurs locaux pour développer la formation et l’équipe nationale. À côté de cela, la fédération chinoise a limité la présence de joueurs étrangers par formation comme nous l’a expliqué un agent bien implanté en Chine. «Depuis 2018, trois joueurs étrangers sont autorisés à jouer mais 5 peuvent être inscrits sur la feuille de match. Le problème est qu’à chaque fois qu’un joueur étranger joue, il doit y avoir un U23 chinois qui doit aussi jouer dans l’équipe. Si on prend l’exemple de Shanghaï, quand Oscar joue il doit aussi y avoir un joueur U23. C’est comme ça que ça fonctionne».

Un marché régulé

À côté de cela, le gouvernement chinois a durci le ton avec la taxation de l’ensemble des transferts des joueurs étrangers à 100% comme nous explique l’agent qui travaille en Chine. «Depuis 2018, quand on dépense jusqu’à 5,5 millions d’euros pour un joueur étranger, on est taxé à 100%. C’est-à-dire que quand on achète un joueur qui fait 5,5 millions d’euros, on doit donner 5,5 millions d’euros au gouvernement chinois. Si jamais les clubs dépassent ces 5,5 millions d’euros, ce qui est très grave, ils sont punis par la loi et perdent également des points au classement (mise en place depuis janvier 2019). Cela va de 1 à 15 points maximum». Malgré ces restrictions, cela n’avait pas empêché quelques clubs chinois de faire des coups en 2018. Ce fut le cas du Dalian Yifang qui avait fait signer l’hiver dernier Nicolas Gaitan et Yannick Ferreira-Carrasco.

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L’été dernier, Paulinho, lui, est revenu à Guangzhou sous la forme d’un prêt dont l’option d’achat de 50 millions d’euros a été levée en janvier 2019 (50 millions d’euros récupérés grâce à la taxe).Cet hiver, les clubs de Chinese Super League veulent encore recruter en Europe. Mais les profils ciblés ont évolué. «Les Chinois se retournent vers d’autres joueurs, moins chers. Après, cela dépend du club. En Chine, il y a deux types de clubs. Les clubs privés et les clubs dont une partie appartient à l’état», nous explique-t-on. Cet hiver 2019, Mousa Dembélé a donc lui aussi débarqué en Chine. En fin de contrat en juin prochain à Tottenham, le milieu a été vendu à Guangzhou ce jeudi. Le montant de l’opération n’a pas filtré. Certains médias britanniques parlaient d’une somme d’environ 10 M€. Un joli coup pour le club qui vise aussi Malcom (FC Barcelone).

D’autres profils ciblés

D’autres joueurs ont été approchés cet hiver 2019. Les noms de Radamel Falcao (AS Monaco) ou Dimitri Payet (OM), qui a démenti être en contact avec le Dalian Yifang et qui serait à présent courtisé par le Shanghaï SIPG, ont été cités. Plus récemment, c’est celui de Marko Arnautovic (29 ans) qui est sorti du chapeau. Et d’après le Times, le Shanghai SIPG voudrait faire sauter la banque pour le joueur de West Ham. On parle d’une proposition de 50 M€. Mais elle aurait été refusée. Outre les joueurs, les entraîneurs sont aussi prisés en Chine. Leonardo Jardim était dans le viseur du Dalian Yifang. Mais après négociations, le Portugais n’ira pas là-bas préférant relever un défi en Europe. Laurent Blanc aurait aussi été sondé. Si la Chine continue d’attirer des footballeurs, d’autres ont quitté le championnat. Ce fut le cas d’Axel Witsel, Jackson Martinez ou Carlos Tévez en 2018.

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Certains pourraient changer d’air cet hiver à l’image de Ramires. Le Brésilien est à la cave au Jiangsu Sunning. La raison ? Il aurait refusé de prolonger son contrat avant d’éventuellement partir l’été dernier. Benfica et l’OM étaient intéressés. Au final, l’ancien de Chelsea n’a pas bougé et il évolue avec la réserve cette saison. Un départ est plus que jamais espéré. Yannick Ferreira-Carrasco, lui, n’est pas poussé dehors. Mais d’après nos informations, Arsenal et Manchester United discutent afin de le rapatrier en Europe cet hiver. Cédric Bakambu (Beijing Guoan), lui, serait suivi par Valence et le Betis selon France Football. De son côté, Odion Ighalo (Changchun Yatai) aurait des touches au Barça qui veut un attaquant d’appoint. Dans le sens des départs comme des arrivées, la Chine pourrait enregistrer encore quelques mouvements cet hiver 2019.

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