L'Olympique Lyonnais est réputé pour la qualité de sa formation. Pur produit du club rhodanien dont il était un grand espoir, Enzo Reale a pris son envol à Lorient puis à Clermont, qu'il a quitté libre cet été. Depuis, celui qui était de la même génération que Lacazette et Grenier est revenu à Lyon où il s'entraîne à présent avec la réserve. Pour Foot Mercato, le milieu âgé de 25 ans évoque avec beaucoup de franchise sa situation peu évidente. Entretien.
«Je suis passé par des étapes par lesquelles je n'aurai jamais pensé passer. Je veux que ce soit la dernière fois que ça m'arrive d'être sans club». À écouter Enzo Reale, on se rend compte que le footballeur traverse la période la plus compliquée de sa carrière. L'été dernier, le milieu de terrain a fait un choix fort en quittant à l'amiable le Clermont Foot. «J'ai résilié mon contrat car je n'étais pas épanoui. Quand j'étais amené à jouer, je n'étais pas épanoui. La philosophie de jeu de la coach (Corine Diacre) n'était pas la même que la mienne. Ce qui faisait que je ne me sentais pas bien. Il fallait que je joue au foot», nous explique-t-il. Mais les clubs ne se sont pas vraiment bousculés pour tenter de relancer l'ancien joueur du FC Lorient : «Il n'y a pas forcément eu des clubs qui m'ont approché pendant le mercato d'été. Mais avant de résilier, j'ai demandé à Lyon s'il était possible que je m'entraîne avec eux. Ils ont accepté. Je me suis dit qu'au lieu d'être à Clermont pour être à Clermont, autant m'entraîner avec Lyon et trouver un nouveau challenge en hiver». Quatre années après son départ pour Lorient, Enzo Reale a donc fait son come back dans le Rhône cet été.
Un retour vers le passé qui, forcément, est un peu étrange pour le joueur qui s'entraîne ainsi avec la réserve olympienne (CFA). «C'est un peu bizarre parce que l'équipe réserve est jeune. Mais on a été formé de la même façon. Ça joue au ballon. On travaille pas mal la musculation. Je suis revenu à Lyon pour retrouver le rythme avant de filer vers un nouveau challenge. (...) C'est certain que, quelque part, ça me ramène vers le passé. Mais j'ai vécu de bonnes choses à Lyon. Ma fierté, je la laisse de côté. Aujourd'hui, la situation est comme ça. Demain, elle sera peut-être différente. Repasser par des endroits où tu es déjà passé, parfois ça fait du bien. Moi, ça me fait du bien de retrouver l'OL et les coaches que j'ai eus auparavant». L'environnement lyonnais paraissait donc être l'endroit idéal pour retrouver le simple plaisir de jouer : «C'est sûr. Je peux voir régulièrement ma famille. Je peux voir tout le monde. Ça me fait du bien. À Lyon, je savais que je retrouverai le plaisir, des sensations. Le plaisir, c'est le plus important. Si tu es dans un club et que tu n'es pas épanoui, tu n'es pas bien dans ta peau et ça ne vaut pas le coup d'être comme ça».
Enzo Reale veut retrouver le plaisir de jouer
Malgré tout, cette situation reste compliquée pour joueur né en 91. «La vie de groupe et la compétition me manquent. Le week-end, je vais souvent regarder des matches. J'en fais aussi de temps en temps aussi en jorky ball, en indoor. Je peux faire des onze contre onze quand il y a des oppositions à l'entraînement. J'essaie de faire des matches en dehors à onze contre onze sur grand terrain. Je me sens bien, je suis frais. J'attends mon tour». Quel type de projets peuvent justement l'intéresser ? «Aujourd'hui, je recherche un club qui me veut tout d'abord. Un club qui compte sur moi et qui connaît mes qualités. Mais aujourd'hui, je suis plus concentré sur l'étranger. En France, on ne va pas dire que ça m'a dégoûté mais bon voilà... Je cherche plutôt à l'étranger, en priorité du côté de l'Espagne. Pas en D1 bien sûr. Le Portugal et l'Italie aussi. En Angleterre, de la D2 voire de la D3. Des clubs qui jouent l'Europa League ailleurs aussi ça peut être un bon challenge même si les championnats ne sont pas exceptionnels. Je ne ferme aucune porte. J'espère pouvoir me faire plaisir et retrouver les terrains chaque week-end dans mon prochain club».
Motivé à bloc, Enzo Reale veut apporter ses qualités au club qui lui fera confiance. «Je pense pouvoir apporter de la fraîcheur. Je veux que ce soit la dernière fois que ça m'arrive d'être sans club». Le jeune homme de 25 ans est forcément marqué par cette situation. «Ce n'est pas que ça m'a remis les pieds sur terre. Mais ça me prouve encore plus aujourd'hui que dans le foot il faut une part de chance. Franchement, je connais mes qualités et mes défauts. Ne pas avoir de club, c'est quand même beaucoup. J'attends et on verra». Le mercato d'hiver sera très important pour un joueur qui n'a pas toujours fait les bons choix de carrière : «Bien sûr à des moments, je n'ai pas été patient, je n'ai pas toujours fait les bons choix. Je n'ai jamais triché. Je n'ai jamais foutu la merde comme certaines personnes peuvent le penser. On me demande souvent : "Pourquoi tu n'as plus joué dans ce club ?" Moi, je dis : "je n'ai rien fait". Je faisais de bonnes prestations et je me retrouvais à ne plus jouer sans la moindre raison». De la patience, Enzo Reale en a aussi et certainement manqué à Lyon où il était considéré comme l'une des pépites du centre de formation. «C'est sûr que je n'ai pas été assez patient avec Lyon. À 6 mois près, ça aurait pu être différent. Mais ça je ne pouvais pas le savoir à l'avance». À Lyon, là où tout a commencé pour lui, Enzo Reale retrouve l'essentiel à savoir le plaisir de jouer, avant de pourquoi pas entamer sa renaissance ailleurs. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
En savoir plus sur