Après la victoire des Young Boys face au FC Sion (1-0), de nouveau buteur, l'attaquant français Guillaume Hoarau se rapproche un peu plus de son premier titre de champion de Suisse, quatre ans après son arrivée sur les bords de l'Aar. À bientôt 34 ans, il s'est confié au quotidien helvète Le Matin, pour raconter sa vision de la vie et du football.
Pour la première fois depuis huit saisons, le FC Bâle pourrait abandonner le titre de champion de Raiffeisen Super League, première division suisse, au profit du Young Boys de Berne ! Leader avec douze points d'avance sur l'octuple champion bâlois (avec un match de plus), à quatorze journées de la fin de la saison, le club bernois s'approche doucement, mais sûrement, d'un titre après lequel il court depuis... trente-deux ans ! Pour arriver à ses fins, Berne peut toujours compter sur l'attaquant réunionnais Guillaume Hoarau, arrivé au club en 2014 et qui semble dans la forme de sa vie, après avoir été éloigné des terrains en début de saison. À l'aube d'une fin de saison pleine de promesses, le joueur de 33 ans s'est confié au quotidien suisse Le Matin.
Lors de ses trois premières saisons chez les Young Boys, Guillaume Hoarau a inscrit la bagatelle de 66 buts (93 matches). S'il porte son équipe, en championnat comme en Ligue Europa, il doit se résigner aux places de second, lui qui a à chaque fois terminé deuxième meilleur buteur de SL depuis son arrivée en Suisse (17, 18 et 18 buts). Éternel second, le club bernois ne parvient pas à doubler le FC Bâle, qui l'a toujours devancé de 12, 14 et 17 points lors des derniers exercices. Mais cette saison, la donne a changé. Les YB sont bien partis pour stopper la vague bâloise. Un adversaire concentré, jusqu'alors, sur la Ligue des champions (défaite 4-0 en 1/8e de finale aller de la Ligue des champions face à City). «On aimerait tous ouvrir plusieurs bouteilles, mais on est encore loin du compte. Ce serait tellement stupide de se croire déjà arrivé alors que Berne attend ça depuis 1986,» raconte un Hoarau prudent.
«J'aimerais jouer jusqu'à 40 ans»
Après avoir marqué le Paris Saint-Germain de son empreinte, inscrivant un total de 57 buts en 151 matches, Guillaume Hoarau avait quitté la capitale pour la Chine, à l'hiver 2013. Un an dans l'Empire du Milieu et une pige de six mois chez les Girondins de Bordeaux auront été nécessaires au natif de Saint-Louis pour finalement trouver le calme et la sérénité. En Suisse. «Après la folie médiatique que j’ai vécue à Paris, Berne paraît bien tranquille. Cela me convient parfaitement. Je n’ai jamais été quelqu’un qui courait après la lumière. Ici, ma vie est normale. C’est l’endroit, la ville où je devais me retrouver. En France, tout est prétexte à polémique, tout y est exagéré. On est dans la superficialité. Dès qu’il y a un petit quelque chose, chacun l’assaisonne à sa façon,» raconte sans détours le grand attaquant au journal helvète.
S'il approche les 34 ans, celui qui avait fait ses débuts au Havre ne pense pas à la retraite. Loin de là. «J’y prends de plus en plus goût car je me dis que dans deux ans, c’est peut-être fini, même si au fond de moi, j’aimerais jouer jusqu’à 40 ans. J’adore me réveiller le matin et me dire: "Putain, je suis bien, la vie est belle. Je suis fier de mon parcours, ce n’est pas tombé du ciel". Être heureux, c’est la base,» raconte celui qui pense vivre «dans un monde compliqué parce qu’on a bien voulu le rendre compliqué» et qui tente de simplifier sa vie au maximum. Un attaquant sans ego démesuré, qui dénote avec le prototype du buteur actuel. «À mes yeux, la plus grande star est celle qui arrive à rester à sa place. Sans parler que chacun à sa manière est une star. Cela, j’ai mis du temps à le comprendre. Le monde est aussi vaste que complexe. J’ai vu beaucoup de choses; et en même temps, rien du tout.»
Bientôt un album dans les bacs ?
Cette saison, Guillaume Hoarau a été éloigné des terrains pendant deux mois. Une période d'indisponibilité qui a permis au trio bernois Miralem Sulejmani (10 buts), Roger Assalé (9 buts), Jean-Pierre Nsamé (9 buts) de se montrer, trustant aujourd'hui les trois premières places du classement des buteurs. Guillaume Hoarau, lui revient en force. Sept buts cette saison, dont six lors des quatre dernières sorties du Young Boys ! Meilleur buteur du club depuis son arrivée, Hoarau se réjouit d'être bien épaulé aux avant-postes. «Ces dernières années, c’était moi, mais cela n’avait servi à rien! (Rires.) Sérieusement, que cela soit X, Y ou Z, je m’en fous un peu. Si l’on arrive à soulever le trophée, ce sera tous ensemble. On a passé l’âge de se mettre dans ce genre de compétitions,» répond l'attaquant au moment d'évoquer un éventuel concours interne pour savoir qui allait terminer meilleur buteur du club.
Empreint d'une maturité sans faille, l'attaquant, international français à cinq reprises, impressionne par sa capacité à garder les pieds sur terre, «dans tous les mondes» comme il aime à le dire. Ce passionné de musique, qui espère bientôt enregistrer un album, semble fait de marbre, imperméable au temps et au monde parfois cruel du football et s'est aussi construit sur des fêlures. «Comme tout un chacun. C’est ce qui fait notre force. J’ai mes cicatrices, des petites plaies qui m’ont fait mal et plier un genou. Oui, j’ai des failles. Si on sait les comprendre au lieu de les affronter, elles permettent de grandir. Tant mieux si le tableau est blanc. Mais pour comprendre pourquoi il est si blanc, il faut parfois y mettre des touches de noir. Pour être vraiment heureux, il faut avoir vécu la tristesse,» conclut-il au journal suisse, laissant transparaître une humanité qui lui a permis de laisser une trace, du Havre à Gueugnon, en passant par Paris, Dalian ou Berne.
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