Auteur d'une belle saison avec Valence, Dani Parejo postule maintenant à une place de titulaire dans l'entrejeu de la sélection espagnole. Focus sur le joueur de 29 ans qui espère endosser ce rôle de patron du milieu de la Roja.
30 ans dans un mois. À cet âge là, lorsqu'on est un joueur de très haut niveau, on est généralement dans le meilleur moment de sa carrière, du moins sur le plan physique, et on compte généralement déjà bon nombre de sélections en équipe nationale. Pour diverses raisons, Daniel Parejo, le milieu de terrain de Valence, découvre les joies de la sélection à cet âge plutôt tardif. C'est l'année dernière qu'il a fêté sa première cape, lors du match amical entre l'Espagne et l'Argentine, remporté par la Roja de Julen Lopetegui sur le score de 6-1. Une entrée en jeu anecdotique, ne foulant la pelouse du Wanda Metropolitano que pour les dix dernières minutes de la rencontre. Il aura fallu attendre un an pour le revoir sous la tunique rouge, cette fois sous les ordres de Luis Enrique, à l'occasion de ce match de qualifications pour le prochain Euro face à la Norvège, chez lui, à Mestalla. Et le numéro 21 de la sélection ibérique n'a pas déçu lors de la victoire espagnole 2-1 face aux Nordiques...
Il a tout simplement été dans tous les bons coups au milieu, organisant le jeu offensif de la Roja, dictant le tempo et distribuant de bons ballons à ses partenaires. Aligné aux côtés de Dani Ceballos et devant Sergio Busquets dans le 4-3-3 de Luis Enrique, le natif de Coslada a affiché une belle complémentarité avec le Catalan. Des performances qui sont dans la lignée de ce qu'il montre en club depuis plusieurs années déjà, mais cette saison, il semble encore avoir franchi un palier, étant le principal artisan du retour en forme de Valence après une première partie de saison compliquée. « Je n'ai aucun doute qu'il est dans le meilleur moment de sa carrière. Pendant son parcours dans le football professionnel il a corrigé ses carences et affiné ses vertus. [...] C'est certain qu'il a toujours été capable de voir les lignes de passe que personne ne voit, ou de manier le ballon avec un rythme et une précision différente des autres, mais le temps lui a fait beaucoup de bien. Il a toujours ses caractéristiques principales mais il est dans un moule différent, avec une autre mentalité. Il est plus important et mieux préparé pour être au niveau, indépendamment du contexte », nous confie Andreu Alberola, journaliste du quotidien Superdeporte.
Parejo a eu du mal ces dernières années
Aujourd'hui, Dani Parejo est clairement une référence à son poste dans le championnat espagnol, et il s'est mis Mestalla dans la poche. Mais son histoire d'amour avec l'exigeant et connaisseur public che n'a pas toujours été des plus simples. Il a ainsi souvent été critiqué par les supporters, qui lui reprochaient une certaine forme de nonchalance. De ne pas avoir de "sangre" (de sang, en espagnol, NDLR), et ses escapades nocturnes lui ont aussi valu des critiques. « Je n'ai pas souvenir d'un cas similaire dans l'histoire récente du club. Je pense que quand il est à bon niveau il y a une certaine unanimité mais quand il ne montre pas son meilleur visage il y a toujours quelqu'un qui est prêt à relancer des débats sur son football ou ses capacités de leadership. La réalité, c'est que Parejo est toujours dans l’œil du cyclone, son impact dans le jeu est total, toutes les connexions de Valence passent par lui et si lui est à son meilleur niveau tout va bien. C'est vrai qu'on dirait que tu dois être pro-Parejo ou anti-Parejo, c'est une question d'extrêmes, mais ce qui est clair pour moi c'est qu'il n'y a pas deux Parejo. Il n'y en a pas un qui joue bien et l'autre qui est nul. C'est clair que les joueurs références d'une équipe sont ceux qui doivent toujours être là, quand ça va ou ça ne va pas, mais moi je fais partie de ceux qui pensent qu'on dirait qu'il doit toujours donner plus. Sa relation d'amour-haine avec le public s'explique par beaucoup de raisons : sa façon de courir ou de comprendre le football - le risque fait partie du football et dans le sens le fait qu'il perde un ballon et prenne encore des risques derrière est une bénédiction - jusqu'à ce qu'il apporte derrière », ajoute Alberola.
Ce qui a aussi surpris du monde, c'est qu'il s'est montré plus qu'à l'aise dans le 4-3-3 de Luis Enrique, lui qui évolue habituellement dans un 4-4-2 à plat, dans l'axe aux côtés de Francis Coquelin ou de Geoffrey Kondogbia. « Je me suis senti très bien. On s'est entraîné dans ce dispositif toute la semaine. J'ai joué comme ça avec Nuno (ancien coach de Valence, NDLR) et ça avait été une grande saison. Au début tu dois assimiler quelques concepts et quelques mouvements mais au final tu t'habitues », confiait Parejo samedi après la rencontre. Beaucoup estiment que le système de la sélection peut même être meilleur pour lui que celui au sein duquel il évolue au quotidien en club, dans la mesure où il est à la fois plus libre et à la fois moins au cœur du jeu. C'est le cas d'Andreu Alberola : « je crois qu'en sélection ça peut encore mieux se passer à cause du type de football qui est joué et surtout parce que la plupart des joueurs autour de lui ont une sensibilité similaire à la sienne. Je pense qu'il a une responsabilité moins importante qu'à Valence, où tout le poids du jeu est sur ses épaules, et ça l'expose moins à des erreurs ». On peut aussi imaginer qu'il dépense moins d'énergie dans les labeurs défensifs, avec Sergio Busquets et un autre milieu à ses côtés, mais surtout parce que contrairement à Valence, l'Espagne court globalement peu derrière le ballon et préfère assurer la possession, dans un style moins direct et plus posé que les Ches.
Est-il au-dessus de la concurrence ?
Depuis les départs de joueurs comme Xavi Hernandez ou Xabi Alonso, ou à un degré moindre d'Andrés Iniesta dans la mesure où celui-ci évoluait surtout sur le flanc gauche en sélection, l'Espagne a eu du mal à trouver un milieu de terrain solide et efficace sur la durée. Thiago Alcantara, Koke, Saúl Ñíguez, Dani Ceballos, Isco ou Suso (à une position un peu plus avancée), ont ainsi beaucoup été utilisés par Julen Lopetegui, avec une réussite plus ou moins mitigée, d'autant plus que tous les joueurs cités ne sont pas forcément à leur meilleur niveau actuellement pour diverses raisons. Dani Parejo a donc une vraie carte à jouer, d'autant plus que son profil est un peu rare, dans la mesure où sa façon de jouer correspond à ce style que veut insuffler Luis Enrique à ses troupes, toujours dans la volonté de conserver le cuir mais avec des offensives un peu plus directes et tranchantes. Sa capacité à briser des lignes via une passe bien sentie peut donc être plus qu'utile, d'autant plus que c'est un joueur qui marque relativement souvent pour un milieu de terrain. « Je lis les journalistes qui suivent la sélection qui expliquent que Luis Enrique cherche un joueur pour assumer ce rôle créatif au milieu et je crois que Parejo peut compléter ce puzzle sans soucis, de par sa sensibilité, ses performances et sa maturité », ajoute Alberola. Ce soir face à Malte, Dani Parejo aura donc probablement une nouvelle opportunité de prouver qu'il peut endosser ce rôle de patron du milieu de terrain de la Roja.
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