Après une pige en Lituanie, Pascal Feindouno, qui fête ce mardi ses 37 ans, espère relever un dernier challenge à l'étranger avant de raccrocher les crampons. En attendant de trouver chaussure à son pied, l'attaquant emblématique, passé par les Girondins de Bordeaux et de l'AS Saint-Étienne, s'est donné pour mission de développer le football guinéen en organisant la première édition du Tournoi International de Conakry U18. Entretien.
Foot Mercato : avec votre ami et ancien coéquipier du Sily National de Guinée, Kamil Zayatte, vous organisez la 1ère édition du Tournoi International de Conakry (TIC) U18 qui aura lieu du 3 au 8 avril. Pouvez-vous nous expliquer ce projet ?
Pascal Feindouno : on veut mettre en place un moyen pour les jeunes Guinéens de se montrer au grand jour. Il y aura beaucoup de recruteurs présents lors de ce tournoi de détection. Ce sera l’occasion pour ces jeunes de faire leurs preuves. Les meilleurs auront peut-être la chance d'être repérés par des clubs professionnels. L’objectif, c’est de développer le football guinéen.
FM : il y aura plusieurs recruteurs de clubs français qui seront présents (Bordeaux, Saint-Étienne, Lyon, Toulouse, nldr). Sur le site officiel du tournoi, Naby Keita, le néo-Red de Liverpool, est notamment pris comme exemple. Il a été repéré par Istres (qui évoluait en L2) lors d’un tournoi de détection organisé par un ancien international guinéen, Dian Bobo Baldé. Est-ce l’objectif de ce tournoi ? Révéler les talents africains de demain ?
PF : évidemment, c'est l'objectif. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de tournois de détection qui sont organisés en Guinée. Il faut réussir à convaincre les scouts de venir là où ils ont un peu moins l'habitude d'aller. Ces dernières années, il y a de moins en moins de joueurs guinéens qui évoluent dans des tops clubs. Pour y remédier, il faut donner plus de visibilité à nos jeunes talents.
FM : Racontez-nous la genèse de ce projet...
PF : un jour, Kamil (Zayatte) m'a appelé, il m'a dit : « il faut qu'on fasse quelque chose en Guinée, avec les jeunes ». Je me suis dit pourquoi pas. On va voir comment se déroule la 1ère édition, mais l'objectif pour les prochaines éditions, c'est d'élargir la visibilité de notre tournoi. Pour le moment, il y a seulement les académies de l'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Sierra Leone, Ghana, Guinée, nldr) qui y participent. À l'avenir, on aimerait accueillir une académie hors Afrique.
Un dernier challenge avant de raccrocher
FM : vous avez signé à Sedan il y a trois ans, mais des problèmes de santé ont fait capoter le transfert. Vous avez donc opté pour une pige dans un championnat exotique comme la Lituanie, et le club d’Atalantas Klaipada. Que retenez-vous de cette expérience ?
PF : avec le problème que j’ai eu au cœur, il était impossible pour moi de jouer en France. J'ai donc choisi un club étranger avec l'Atalantas Klaipada. C’était une bonne expérience, ça s’est très bien passé. On m'a fait signer une décharge, j'ai donc continué à jouer, il n'y avait aucun problème.
FM : comment vous sentez-vous physiquement aujourd'hui ?
PF : physiquement, je me sens bien. Je me maintiens en forme en faisant des soccers five avec mes amis, et avec le Black Star FC lorsque je monte sur Paris (il habite aujourd'hui dans le Forez, ndlr). Ou encore lors de matches de charité pour les enfants malades. Je continue toujours à jouer, à prendre du plaisir.
FM : à 37 ans, vous êtes proche de la fin de votre carrière...
PF : un dernier challenge, après c’est bon. En France, ce sera plus possible, à moins d’évoluer à un échelon inférieur, donc ce sera à l’étranger. Je suis ouvert à toutes les propositions.
FM : comment voyez-vous votre après-carrière de footballeur ?
PF : entraîneur, ce n’est pas mon truc. Mais je resterais dans le football, aider la jeunesse ou faire agent, superviseur dans un club ou pourquoi pas avec mon pays.
FM : avec du recul aujourd’hui, est-ce un regret d’avoir quitté Saint-Étienne et la France en 2008 pour un exil au Qatar ?
PF : non, non pas du tout. On m'a toujours dit de ne jamais regretter mes décisions. J'ai fais un choix, j'ai foncé sans regarder derrière.
L'objectif des Verts, assurer le maintien
FM : vous suivez toujours l’actualité de la Ligue 1, avec certainement plus d’attention pour vos anciens clubs. Quel regard portez-vous sur votre club formateur des Girondins de Bordeaux, avec qui vous avez été sacré champion de France en 1999 ?
PF : ils étaient complètement perdus en début de saison. Là, ils commencent à remonter la pente. Il y a eu des changements, et ça commence à porter ses fruits aujourd'hui.
FM**: le but du titre face au Paris Saint-Germain lors de la dernière journée. Est-ce le plus beau souvenir de votre carrière ?**
PF : bien sûr (rires). Marquer le but du titre, à 10 minutes de la fin, qui plus est à 17 ans et demi, c'était magique. Je n'oublierais jamais ce moment.
FM**: comment jugez-vous la saison de l’AS Saint-Etienne, qui a connu une période délicate avec de nombreux changements (joueurs et entraîneur) ?**
PF : forcément, en tant qu'ancien joueur, j'ai un peu mal vécu la situation, c'est normal, je n'étais pas content. J'ai vécu de très bon moments là-bas, j'habite dans le Forez aujourd'hui. Mais avec les changements effectués, ça va mieux. La preuve aujourd'hui.
FM :**l'Europe pour les Verts, vous y croyez encore ?**
PF : non, je ne pense pas que ce soit la préoccupation. L'objectif, c'est d'assurer le maintien. L'Europe, on y pensera l'année prochaine.
FM : le PSG devra réaliser un exploit face au Real Madrid pour espérer se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des Champions. Pensez-vous que les Parisiens ont les armes pour le faire ?
PF : ce sont deux clubs de très haut niveau, chaque erreur se paiera cash. Mais je pense que le Paris SG sera capable de faire quelque chose à la maison.
FM : dans une interview dans L’Équipe, votre ancien coéquipier Frédéric Piquionne vous a comparé à Zinedine Zidane en vous surnommant le « Zidane noir. » Qu’est-ce que ça vous fait ?
PF : évidemment, ça fait plaisir (rires). Il me compare à un tel joueur, c'est flatteur. Après, ça reste son opinion (rires).
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